« Je m’ennuie de vos sourires, du bruit des verres qui font tchin tchin parce que vous avez quelque chose à fêter ou simplement parce que vous êtes contents de vous retrouver. Je m’ennuie de vos anecdotes de stationnement difficile à trouver et des retards justifiés par l’appel d’un client très important qui vous a rejoint alors que vous aviez déjà votre manteau… Je pense à toi et à celui à qui tu as donné ta carte d’affaires pour avoir l’occasion de vous revoir. Je me sens seul dans cette salle, trop grande pour moi. Il est vrai que je ne suis pas habitué d’être seul… en fait, je vais vous avouer ne jamais avoir été capable de vivre seul. Certains diraient que je suis dépendant affectif. Peut-être? Moi, je me considère plutôt dépendant social. J’ai besoin de voir des gens, beaucoup de gens, des foules même, de grands foules! J’aime avoir du plaisir. Je suis épicurien et opportuniste. C’est vrai, j’attends toujours d’avoir la bonne raison pour sortir et comme mes attentes sont toujours très élevées, je ne me trompe jamais; Je sais où trouver les opportunités pour rencontrer des gens remarquables dans un contexte exceptionnel. Je pense beaucoup à eux ces temps-ci, à tous ces gens remarquables que j’ai croisé dans les dernières années. Ils sont probablement partis en voyage ou très occupés, car je ne les vois plus. C’est peut-être le brouillard qui se forme autour de moi qui m’empêche de les apercevoir. Je me sens abandonné. Je commence à être inquiet, je ne les entends pas non plus. Moi qui aime aime la musique forte, les effets lumineux, les feux d’artifices, les cocktails et les canons de confettis, je me sens perdu, je n’ai plus de repères.

Ah oui, ça y est! Je viens de comprendre! Ils m’organisent un surprise party. Je m’y connais en organisation de ‘‘surprise’’, c’est toujours comme ça : on se sent abandonné pendant un certain temps, car tout le monde prétend avoir mieux à faire qu’être avec toi la journée de ta fête. Certains se renferment même chez eux (comme s’ils étaient en quarantaine) et ne t’appellent plus et ne répondent pas à tes appels non plus pour un temps, le temps de l’organiser ;-). Chaque fois que tu essaies de leur parler, tu vois la panique dans leurs yeux lorsque tu t’approches et ils cherchent à éviter le sujet. Je revois ceux qui me fuyait lorsque j’arrivais  quelque part. Et moi, j’ai soudain un rire nerveux, fond de moi, j’ai peur. J’ai peur de m’être trompé et s’ils n’étaient pas en train de m’organiser un surprise party? Et s’ils ne voulaient plus de moi, pour vrai? Et voilà que je deviens paranoïaque. Il y a sûrement quelqu’un qui leur a demandé d’éviter de me fréquenter un certain temps pour le bien collectif. Toutes ces réflexions me montent à la tête, je ne me sens pas bien, je pense que je vais m’évanouir… je vois des étoiles, mais rien à voir avec les étoiles que j’ai vu dans vos yeux la dernière fois qu’on s’est vu.  Non, cette fois, ce ne sont pas des étoiles filantes mais bien des étoiles étourdissantes. Chaque jour, ça prend des proportions insoupçonnées. .

Depuis que je n’ai plus de vos nouvelles, j’ai l’impression de manquer d’air. Vous étiez ma bouffée d’air frais, ma raison d’être! Vous donniez un sens à mon existence. Sans vous je ne suis rien. Donnez-moi de l’oxygène, je me sens étouffée par le coronavirus. Cher public, amateurs de grandes foules et de rassemblements festifs, vous me manquez.

 

Prenez soin de vous

À bientôt je l’espère (rire nerveux) »

 

L’événement