Je me sens comme si je revenais d’un long voyage à l’étranger. Tu sais, cette impression que tout le monde est resté figé dans le temps, mais que de notre côté, nous arrivons avec une tout autre perception de la réalité. Nous avons ce vécu indescriptible, ces rencontres mémorables, ces aventures aux dénouements heureux, mais ô combien périlleuses! Mon corps est revenu, mais ma tête est encore là bas. Je ne suis plus le même.
Sur une nouvelle planète
J’ai envie de profiter de la vie, de prendre le temps et de déguster le moment présent. Ce voyage semble avoir duré une éternité alors que ça ne fait réellement qu’un peu plus de 2 ans… Pourtant, tous mes amis sont d’accord avec moi pour dire que ce ne sera plus jamais pareil… C’est un peu comme si nous avions atterri sur une nouvelle planète et que se dresse, devant nous, un paysage désertique qui a eu la vie très dure. Les lieux sont sombres et arides et on nous demande d’y faire pousser des fleurs colorées en abondance! Nous sommes de retour d’un long combat, mais nous avons malheureusement perdu de nombreux soldats en chemin. Nous sommes moins nombreux, mais tout aussi vigilants. Je me sens comme l’un de ces survivants. Je suis moins aventureux, mais tout aussi audacieux. Je préfère avoir un filet de sécurité avant de me jeter dans le vide les yeux fermés. Je me couche moins tard, mais je suis tout aussi minutieux et j’offre un aussi bon service à la clientèle. Je règle la majeure partie des dossiers entre 8 h et 16 h, car les heures suivantes sont consacrées à être avec ma petite famille et à m’occuper de mes enfants. Je mets même une alarme le matin afin de méditer, ça m’accompagne dans ma santé mentale équilibrée. Je prends soin de moi. Je ne suis plus le même.
Tranquillement, mais sûrement
J’ai appris à dire non, parce que j’écoute ma petite voix. Elle n’est pas morte au combat, au contraire, elle a pris de l’assurance : je l’entends davantage, car c’est moins bruyant autour de moi. Je constate que je bouge moins vite aussi, je me sens courbaturé. Tant mieux, j’ai enfin assimilé “tranquillement, mais sûrement”. Je croise avec grand plaisir mes complices qui reviennent aussi de loin. Chaque fois, ce sont des retrouvailles touchantes et sincères. Nous avons changé, mais à l’intérieur, nous restons les mêmes passionnés. Le vent a tourné et j’ai l’impression qu’il a emporté avec lui la frénésie du dernière minute, des quantités d’invités démesurées et surtout, de précieuses ressources humaines. Il a emporté le temps où ”on faisait ça d’même”…. Ce ne sera ni mieux ni moins bien, ce sera différent. Et j’ai besoin de temps pour que le monde m’accepte comme je suis, qu’il comprenne ce changement.
Faire face au changement
Depuis que je suis revenu, j’ai remarqué des comportements émouvants dans ce nouveau monde où nous sommes plus forts, plus résilients et plus humains : entraide, confidences et vulnérabilité sans peur du jugement des autres. Nous faisons face au changement ensemble, car «Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements.» [Charles Darwin]
Je ne suis plus le même, mais celui que je vois dans le miroir ce matin me plaît. J’ai encore peur, mais je suis plus zen, et surtout, je ne suis plus seul. Je suis plus confiant et immensément reconnaissant d’être de retour.
J’espère que vous aimerez tout autant, et peut-être même plus cette nouvelle version de moi.
L’Événement.