La Covid-19 aura eu raison de beaucoup de choses en 2020, dont une grande partie, peut-être même la majorité, de l’offre événementielle. Dans l’industrie du jeux vidéo (industrie pour laquelle je travaille), des événements-clés ont normalement lieux à chaque année. C’est non seulement l’occasion pour le grand public de découvrir les nouveautés et de s’en mettre plein les yeux, mais c’est aussi le moment pour les gens du milieu de se rencontrer et, plus important encore, d’annoncer les nouveaux produits en développement: des jeux, des consoles ou même des nouvelles technologies.

Toute l’industrie s’attendait à ce que Sony débarque en trombe lors du prochain E3 initialement prévu en juin et finalement dévoiler la nouvelle Playstation. C’est finalement lors d’une vidéo en direct en ligne que le géant en a fait l’annonce et l’impact a certainement été moindre.

Plusieurs autres annonces qui auraient normalement eu lieu lors du E3 sont mis en péril pour la prochaine année. Et avec la liste des événements qui s’annulent, c’est toute l’industrie (que dis-je, toutes les industries!) qui doivent se réinventer jusqu’à ce que la normale revienne*.

Je ne suis absolument pas un spécialiste de la chose, seulement un des acteurs des événements de l’industrie pour laquelle je travaille. Et alors que le Web était déjà un complément à ces foires et salons, c’est toutes les entreprises du domaine qui tenteront d’utiliser la technologie pour sortir gagnant de la pandémie.

Mais est-ce que quelqu’un sortira vraiment gagnant au final?

Des opportunités et des menaces

L’avantage du Web, c’est qu’il n’y a pas de barrière de temps, de nombre, de frontière ou de « contraintes » à proprement parler. Avant, la majorité des annonces étaient faites en salle avec des intervenants qui venaient discuter de la nouveauté en question. Comme le tout est dans un lieu physique, ça vient aussi notamment avec des limites de temps (faut bien laisser ces pauvres convives sortir pour aller à la salle de bain un jour!).

Sur le Web, on peut ainsi se défaire des limites conventionnelles que les événements s’étaient eux-mêmes bâtis pour permettre aux entreprises d’en montrer davantage aux fans. De plus, qui dit événement, dit personnalités publiques et journalistes. Lors des grands événements, les acteurs majeurs se font constamment tirer à droite et à gauche par les journalistes pour répondre (éventuellement) à des questions similaires. Cette fois-ci, il y a une vraie opportunité pour communiquer, voire parler directement avec la communauté lors des annonces et de créer un dialogue avec les fans. Il n’en reste pas moins que les petites entreprises risquent de passer sous le radar encore plus sans une présence physique alors que les géants iront à coups de millions pour faire du placement publicitaire. Aussi, il reste que l’absence de journalistes sur place risque de réduire la qualité du contenu et de faire en sorte qu’on soit plus que jamais mis devant de la commandite. Comme on dit en 2020 : « Faites vos recherches ».

Mais alors, comment apporter une valeur économique à la chose?

C’est fort probablement la plus grande question ici, et c’est probablement impossible t d’y répondre. Encore une fois, c’est la publicité qui sera la monnaie d’échange économique lors de ces événements. Mais les gens de l’entreprise n’auront pas l’occasion de se rencontrer en personne, d’échanger, de « réseauter » (on n’est peut-être plus en 1995, mais ça a encore sa place dans le monde des affaires!)

Et pour en revenir à l’astérisque plus haut…
* Est-ce que la « normale » va vraiment revenir? Personne ne le sait, même moi! Imaginez alors… Mais tous s’entendent qu’on avait atteint une limite et il va sans dire que des événements où des dizaines (voir des centaines) de milliers de personnes consomment et polluent ne sont certainement pas essentiels. Mais, malheureusement, plusieurs entreprises spécialisées en B2B, hôtels, restaurants, centres des congrès, etc. seront inévitablement touchés.

Le Web ne sauvera pas le monde événementiel. C’est un complément depuis des années à la tenus d’événements de la sorte, mais si on le considère comme d’un moyen de sauvetage, c’est comme lancer une bouée pour empêcher un paquebot de couler. Le Web va aider les entreprises et les domaines pendant la pandémie, mais au final, il faudra voir comment plus que jamais les deux puissent se marier pour être encore plus complémentaire l’un de l’autre.

Le jeu vidéo se porte bien (très bien même) en ce temps de pandémie. Toutefois, c’est le désir de vouloir rencontrer d’autres humains, de participer à quelque chose, qui va inévitablement pousser l’industrie à ré-organiser des événements de la sorte. Fournisseurs et clients venant des quatre coins du monde utilisent ce moment pour enfin pouvoir se rencontrer en un lieu défini. Le public a soif de nouveautés et de rencontres avec les créateurs. L’offre événementielle classique a son importance pour l’industrie et pour ses fans. Les événements virtuels ne répondront pas à tous les besoins, mais pour la prochaine année, ils nous poussent à nous poser les bonnes questions sur la raison-d’être des divers événements et sur la valeur que ça apporte pour l’industrie.

 

par : CHARLES DI GAETANO

 

 

Crédit photo entête : Pixabay